Photographe d'architecture, habitat, urbanisme et paysage. Vit et travaille à Paris.
En 2021, dans le cadre de la campagne photographique nationale organisée par le ministère de la Culture sur les édifices porteurs du label « architecture contemporaine remarquable », Clément Guillaume photographie le tremplin de saut à ski construit pour les Jeux olympiques d’hiver de 1968 organisés dans la région de Grenoble, ainsi que la tour des juges.
Monument exemplaire de l’architecture brutaliste, le grand tremplin olympique, situé dans la commune de Saint-Nizier-du-Mougerotte, est l’œuvre de l’architecte-urbaniste Pierre Dalloz, ancien résistant, alpiniste, écrivain et élève d’Auguste Perret, assisté de Heini Klopfer. Son choix du béton, et en particulier la réalisation d’un voile de béton armé, est alors motivé par la visibilité qu’aura la structure pendant les Jeux : l’architecte souhaite rappeler au monde le rôle majeur de la France dans l’invention et l’évolution de la technique du béton armé. La tour, qui dissimule les circulations, a volontairement été réduite au « strict minimum », dans un souhait de « pure simplicité ».
Le travail de Clément Guillaume donne ici un bel écho à une phrase de l’architecte prononcée dans une interview de 1982 : « Si ce tremplin devait être un jour abandonné, le mieux serait de reconstituer autour de lui la sapinière, pour qu’il apparaisse dans la forêt comme un fantôme. »
Passionné d’architecture, Clément Guillaume s’intéresse plus particulièrement aux différentes formes de vie qui peuvent émerger d’un lieu, à l’organicité qui n’était peut-être pas prévue au départ, ou, au contraire, à la puissance avec laquelle l’homme parvient à dompter son territoire. L’éternelle bataille du naturel et du culturel, tantôt soldée par l’harmonie, tantôt par la dissonance des corps en présence – au spectateur d’en décider.
« Je fais des images tout le temps. Les grands ensembles, le vernaculaire, les paysages, les ruines, les campings, racontent des histoires qui me touchent. J’aime susciter l’intérêt pour ce qui semble laid ou banal, produire des images qui alimentent la réflexion, permettent de comprendre le monde et sa complexité. » C.G.
Abandonné depuis 1990, vainement mis en vente pour 1 franc symbolique en 1992, le tremplin fait depuis le début de l’année 2024 l’objet d’un projet de transformation en lieu culturel, soutenu par la municipalité.