Cette foire d'art expose les oeuvres de nos artistes : Sabrina Ratté et Flavien Théry. Jamais la question de l’immatérialité en art n’a été aussi prégnante qu’aujourd’hui. On pourrait arguer que les œuvres, depuis toujours, émergent de l’esprit comme l’affirmait déjà Léonard de Vinci qui en son temps les considérait toutes « cosa mentale ». Avec les années soixante, quand tant d’artistes se prennent à “calculer” leurs abstractions géométriques, la conception commence à se déplacer du cerveau humain vers celui de l’ordinateur. Pour qu’enfin, dans les années quatre-vingt, Jean-François Lyotard et Thierry Chaput nomment leur exposition aux allures de manifeste de la postmodernité présentée au Centre Pompidou Les Immatériaux. Les potentiels créatifs de l’électronique et de l’informatique y sont alors à l’honneur au sein d’une scénographie de la transparence faite de trames grillagées. La suite, nous la connaissons. C’est celle d’une informatique omniprésente que de plus en plus d’artistes détournent, quand ils ne collaborent pas avec des intelligences artificielles, pour déposer leurs créations virtuelles sur des plateformes en ligne. Ce qui est relativement nouveau, c’est l’intérêt que porte une nouvelle génération de collectionneuses et de collectionneurs pour les étrangetés numériques qui, dans le champ de l’art, témoignent si justement de cette société de l’immatériel qui est la nôtre. Leurs désirs oscillent entre rêve de virtuel sans limites aucune et attirance pour des pièces participant d’une forme de re-matérialisation du monde eu égard aux procédés numériques de fabrication. C’est par conséquent d’hybridation dont il est question dans l’exposition [ in ] material regroupant des œuvres aux divers coefficients de matérialité. Quand le manque de matérialité convoque le sublime. Dominique Moulon