La série de masques de Zaven Paré est un hommage à une divinité du Candomblé. Chaque sculpture sonore représente une personnification différente d’Exu, l'un des dieux (ou orixás prononcé « oricha ») les plus importants de cette religion syncrétique afro-brésilienne. Exu reçoit des noms divers selon les qualités ou les fonctions qu'il exerce : Eleggua, Bará, Aluvaià, Legba… Représentant le « dieu qui ouvre les barrières », surveille les passages, ouvre et ferme les chemins, il est à ce titre salué avant tout autre orixá. Ni toutefois "totalement bon ni mauvais", Exu réagit favorablement lorsque il est traité avec convenance. Étant un orixá messager, il est le principal lien entre les Hommes et les divinités. Chaque masque contient un mécanisme spécifique qui produit un son particulier : autant de manifestations de présence de cette divinité. Les yeux-lentilles des sculptures déforment, agrandissent ou cachent complètement le mouvement du dispostif mécanique interne. Parfois, le spectateur est en mesure de voir « l’esprit » du masque en marche, parfois il peut juste le deviner à travers le son. Les œuvres de Zaven Paré s’inspirent de la littérature et du théâtre traditionnel ainsi que de réflexions philosophiques et anthropologiques. Témoin de son temps et fort de son expérience de chercheur en robotique au Japon durant la dernière décennie, Zaven Paré construit des machines incongrues et des objets décapants. Ses œuvres, sortes d’approximations poétiques d’un devenir qui mêlerait lui aussi « art et technologie » sembleraient répondre favorablement aux interrogations de l’animisme technologique, l’idée que les machines ont une âme, qu’elles sont dotées d’une vie propre.