Depuis bientôt trente ans, Anne-Sarah Le Meur utilise l’ordinateur et le langage informatique pour créer ses images. Les nombres, itérations et boucles, qu’elle explore et mélange, modulent les formes, les couleurs, les rythmes comme elle ne pourrait sans doute pas le faire sans eux. Tout en revendiquant un héritage pictural (Turrell, Rothko, Monet… Guston), Anne-Sarah Le Meur cherche les limites de l’image de synthèse : Quelle serait la 3D la plus élémentaire possible techniquement ? L’image 3D peut-elle être plane plutôt qu’ostensiblement tridimensionnelle ? Les phénomènes lumineux de l’espace virtuel peuvent-ils différer de ceux de notre espace concret ? Comment nuancer les tons dans des flous très précisément contrôlés… Le corps de l’artiste influence-t-il encore la création lorsque celle-ci s’enracine dans l’informatique ? Emerge ainsi un monde onirique, abstrait certes, mais vivant, grouillant, étrangement organique, quasi-sensuel.
Ses images adoptent diverses formes, fixes ou animées, enregistrées ou génératives, projetées en performance (sonore ou silencieuse), ou encore exposées en tirages photographiques. Elle a également réalisé une pièce interactive pour écran cylindrique, basée sur la vision périphérique, où la lenteur du regard active l’image (ZKM, 2011). Vermille, œuvre fleuve écrite sur plusieurs années, diffusée en écran unique ou en polyptyque, joue sur les séries de variations colorées.
Sa dernière réalisation, DixVerts, polyptyque 4 projections, exposée à Vidéoformes en 2023, propose un lent ballet abstrait où mouvements, teintes et sensations spatiales dialoguent et étonnent le regard.
Après avoir étudié l’image 3D artistique à l’Université Paris 8, Anne-Sarah Le Meur enseigne les pratiques numériques à l’Université Bauhaus-Weimar puis à l’Université Paris 1, Ecole des Arts de la Sorbonne. Son activité de chercheuse se partage entre l’enseignement, la création et l’écriture d’articles, la participation à des colloques et à des festivals.